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COMPTE-RENDU : « L’économie de proximité, un poids lourd discret et en pleine croissance ! (2/5) » 

L’édition 2016 du Salon Parcours France, le 11 octobre dernier, était rythmée par plus de 50 ateliers et tables rondes, avec pour fil rouge la croissance dans les territoires. Animées par des décideurs, entrepreneurs et experts, les tables rondes ont notamment décliné les conditions, moyens et exemples d’une croissance locale. Quels sont les secrets de fabrication des territoires qui parviennent à «surperformer» par rapport à l’économie nationale et internationale ? Comment bâtir les stratégies, créer les écosystèmes qui pourront surmonter les dépressions, amplifier les reprises et maintenir le territoire dans une dynamique de croissance ? La seconde table ronde était dédiée à un secteur en plein essor : l’économie de proximité ou économie présentielle – ou encore économie résidentielle. Soit un vaste ensemble de services et de métiers non délocalisables, à forte teneur en lien social et en rapport humain, fondée sur la population réellement présente au sein d’un territoire : de la garde d’enfant aux soins à la personne en passant par les commerces de proximité et les activités touristiques.

Pour débattre de cette économie résidentielle étaient réunis :

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Guillaume Richard, PDG fondateur d’O2, un groupe spécialisé dans les services à domicile

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Nicolas DAVOUST, CEO et co-fondateur de GensDeConfiance.fr, un réseau familial et sécurisé de petites annonces en ligne

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Xavier Pasteau, Responsable du Service Développement Economique et de la Plateforme Entreprendre de la Communauté d’Agglomération Royan Atlantique (CARA)

Modération : Antoine COLSON, dirigeant et co-fondateur de Parcours France

 

Trois facteurs expliquent la forte croissance du marché des services à la personne, selon Guillaume Richard, le fondateur d’O2 : la féminisation du travail, le vieillissement de la population et la mutation de nos modes de vie. Nous sommes en effet passés, selon lui, «d’une société de l’avoir à une société de l’être». Il s’en explique en ces mots : «A  la sortie de la seconde guerre mondiale, on voulait avoir une maison, un réfrigérateur, une télé. Cela a donné les 30 glorieuses. Dans les années 80, on a voulu avoir 2 télés, 2 voitures etc… Dans les années 2000, on est passé à l’avoir mieux : on ne voulait plus une télé cathodique mais un immense écran plat. Aujourd’hui nous avons basculé vers l’être mieux et la conviction que ce n’est pas l’accumulation des biens qui peut apporter une meilleure qualité de vie».

«Les services de proximité représentent un marché en forte croissance que l’on peut évaluer à 40 milliards d’euros, dont la moitié déclarés» – Guillaume Richard, PDG fondateur d’O2

Xavier Pasteau corrobore cette analyse et y apporte l’éclairage de son territoire, où 4 emplois sur 5 relèvent de l’économie résidentielle. Sa croissance est tirée par un flux migratoire positif et très particulier qui caractérise la région de Royan. «Deux tiers des personnes qui viennent s’installer dans notre ville sont des seniors, avec un pouvoir d’achat relativement élevé», explique Xavier Pasteau. Et donc une consommation soutenue, en achats de bien courants mais aussi services à la personne et de services à domicile. «Par ailleurs nous bénéficions à plein de l’essor des nouveaux modes de consommation, avec par exemple une forte demande – non restreinte aux seniors – en bien-être corporel, en services de coaching sportif et physique», observe Xavier Pasteau. La dynamique de l’économie présentielle, à Royan, est entretenue par un taux élevé de résidences secondaires, et tous les services associés (jardinage, entretien de la maison, travaux…) induits par cet immobilier résidentiel.

«Nous bénéficions d’un flux permanent de nouveaux habitants qui s’installent sur le territoire, composé majoritairement de seniors, avec un pouvoir d’achat relativement important, et qui sont donc consommateurs de services» – Xavier Pasteau, Développeur économique au sein de la Communauté d’agglomération de Royan Atlantique

L’économie résidentielle carbure à la confiance et à la proximité. Nicolas Davoust n’explique pas autrement le succès du site de petites annonces en ligne qu’il a fondé, GensdeConfiance.fr, «Nous avons recréé un esprit village où les gens se connaissent, se font confiance. Comme avant l’ère d’Internet en somme ! Nous sommes ainsi fiers de contribuer à la ré-humanisation des liens sur le web et heureux de constater, sur notre réseau, le développement d’une atmosphère civique, conviviale et bienveillante», souligne l’entrepreneur. Pour Nicolas Davoust, deux conditions indispensables à la réussite d’une proximité en ligne : une marque connue et reconnue, gage de confiance, ce qui requiert un investissement sur la durée;  et la mise en place d’un processus qualité rigoureux.

«Nous avons recréé, sur notre site de petites annonces en ligne, un esprit village où les gens se connaissent, se font confiance. Comme avant l’ère d’Internet en somme !» – Nicolas Davoust, co-fondateur de GensdeConfiance.fr

Parce qu’elle repose sur la confiance et la proximité, l’économie présentielle crée des emplois non délocalisables. «Ces emplois peuvent cependant revêtir un caractère éminemment saisonnier. C’est le cas à Royan, où l’économie présentielle est fortement liée au tourisme, et où la population passe de 80 000 habitants l’hiver à 300 000 l’été», indique Xavier Pasteau. Pour Guillaume Richard, l’économie de proximité crée non seulement des emplois non délocalisables, mais des emplois de qualité. «Ce sont des emplois à valeur ajoutée pour le salarié comme pour le client. Du reste, votre premier client est votre salarié. Car si le salarié est satisfait de son travail, il y a 99 % de chances que votre client le soit de ses services, ce qui est primordial dans une économie de proximité, reposant sur la confiance». Dans son entreprise de services à domicile, O2, cette satisfaction s’appuie sur un emploi stable, un rythme de travail adapté à la la vie personnelle du salarié, une diversité des missions et des tâches à effectuer.

«La confiance, ça paie !» – Nicolas Davoust, co-fondateur de GensdeConfiance.fr

L’économie présentielle est aussi créatrice de lien social. Qu’il s’agisse d’aide à domicile, de garde d’enfant, de commerce ou d’artisanat local, elle se fonde sur un contact direct entre les personnes, qui dépasse bien souvent la seule transaction marchande et met de l’affectif, de l’échange verbal, de la gratuité dans la relation. Nicolas Davoust l’a bien compris : la possibilité de liens sociaux véridiques fait tout l’attrait et l’intérêt de GensdeConfiance.fr. Le créateur a, du reste, renforcé la dimension solidaire du site en offrant à ses membres la possibilité d’effectuer des dons en ligne. Le business model de GensdeConfiance est lui-même basé sur le don. La publication d’annonces y est totalement gratuite, et l’utilisateur invité à verser un montant de son choix, s’il le souhaite. Le budget du site ne s’en porte pas plus mal. «La confiance, ça paie», résume Nicolas Davoust.

«Les prix de l’immobilier sont beaucoup moins élevés qu’en région parisienne. Et, même si les salaires peuvent être inférieurs à ceux de la capitale, le pouvoir d’achat y est supérieur» – Guillaume Richard, PDG fondateur d’O2

L’économie de proximité se développe partout en France. «Avec de petites réussites incroyables sur de touts petits territoires» insiste Guillaume Richard, le patron d’O2. «On pourrait penser que Levallois-Neuilly est le lieu idéal pour entreprendre puisqu’il s’agit d’une des zones les plus riches de France. C’est faux, ne serait-ce que parce que la concurrence y est au moins aussi forte que la demande». Pour cet entrepreneur, l’essentiel est d’aimer son territoire et de se faire adopter par ses habitants. Il encourage chacun à s’installer là où il a de la famille, des amis, des racines. Et souligne l’intérêt financier majeur d’une implantation en région. «Les prix de l’immobilier sont beaucoup moins élevés qu’en région parisienne. Et, même si les salaires peuvent être inférieurs à ceux de la capitale, le pouvoir d’achat y est supérieur. Quant à la qualité de vie, elle est incomparable». Ultime atout, selon Guillaume Richard : «Vous aurez en région une proximité avec les décideurs politiques et économiques qui est impossible à Paris». Seul revers de la médaille : «Il est parfois un peu plus compliqué de trouver des talents en région. A vous aussi de les y attirer…en faisant valoir, entre autres, tous les atouts que je viens de citer».

«Où que vous vous installiez, quel que soit votre secteur, il est important de conjurer la solitude qui guette l’entrepreneur et de rejoindre, sur place, des réseaux professionnels pour échanger avec des pairs» – Xavier Pasteau, Développeur économique à la Communauté d’agglomération de Royan Atlantique

Quand on leur demande où s’installer, nos intervenants répondent unanimement «N’hésitez pas à quitter Paris !». Guillaume Richard met en avant les mérites du Mans, ville labellisée French Tech. Il insiste cependant sur l’adéquation à trouver entre territoire, projet professionnel et ancrage personnel. Nicolas Davoust souligne qu’il n’a «pas choisi Nantes par hasard» mais pour sa «vraie volonté politique de booster le numérique». Pour Xavier Pasteau, le dynamisme de l’écosystème local est un facteur prépondérant . «Où que vous vous installiez, quel que soit votre secteur, il est important de conjurer la solitude qui guette l’entrepreneur et de rejoindre, sur place, des réseaux professionnels pour échanger avec des pairs, prendre du recul et créer de nouvelles opportunités». Il ajoute qu’il est essentiel de se faire accompagner avant et pendant la création de son entreprise. «Et ça, c’est le rôle des collectivités locales», conclut le développeur économique.

Retrouvez l’intégralité de cette table ronde en version audio sur soundcloud !

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