(SALON PF2016 – TABLES RONDES)
« Ces innovations qui redessinent la carte de la France (1/5) »

COMPTE-RENDU : « Ces innovations qui redessinent la carte de la France (1/5) »

L’édition 2016 du Salon Parcours France, le 11 octobre dernier, était rythmée par plus de 50 ateliers et tables rondes, avec pour fil rouge la croissance dans les territoires. Animées par des décideurs, entrepreneurs et experts, les tables rondes ont notamment décliné les conditions, moyens et exemples d’une croissance locale. Quels sont les secrets de fabrication des territoires qui parviennent à «surperformer» par rapport à l’économie nationale et internationale ? Comment bâtir les stratégies, créer les écosystèmes qui pourront surmonter les dépressions, amplifier les reprises et maintenir le territoire dans une dynamique de croissance ? Cette première table ronde était focalisée sur les innovations et les nouvelles mobilités, susceptibles de redessiner la carte des territoires et de modifier le rapport «Régions-Paris».

Pour en débattre étaient réunis :

Modération : Élodie VIALLE, Journaliste (Mediatico, Usbek & Rica…), consultante et enseignante

«L’auto-partage réduit très fortement le nombre de véhicules en ville. Une voiture en auto-partage permet de supprimer 10 à 15 véhicules de particuliers» – Grégory Ducongé, Directeur général de VULOG

 

Pour Grégory Ducongé, les villes et les territoires pourraient être redessinés par une autre façon d’appréhender la mobilité, et plus spécifiquement par les solutions d’autopartage. Le Directeur Général de Vulog ne peut cependant que constater le retard de la France en la matière. «L’autopartage est considéré comme un concurrent plutôt qu’un complément des transports en commun. Le problème est avant tout culturel», explique-t-il. Pour faire progresser la cause, cet ardent apôtre de l’autopartage évangélise les collectivités territoriales en s’appuyant sur les résultats concrets obtenus, à l’étranger, par les villes qui, comme Vancouver, ont déployé cette solution à grande échelle. «Les impacts sur la circulation et la pollution sont incroyablement positifs. Une voiture en autopartage permet de supprimer 10 à 15 véhicules de particuliers», souligne-t-il. Pour Grégory Ducongé, nous sommes «en matière de mobilité urbaine, au début d’une révolution. Le véhicule autonome, par exemple, devrait entièrement changer la donne. Tout reste à imaginer».

«Dans les grandes entreprises, comme dans certaines collectivités, apparaît une nouvelle fonction : le chief digital officer, en charge d’incarner la transformation numérique et de la porter sur le terrain» – Patrick Hoffstetter, co-fondateur du eG10

«La mobilité est aujourd’hui un enjeu clé», abonde Patrick Hoffsteter. Un enjeu sur lequel tout le monde, CAC 40 et PME, secteur public et privé, est en train de se positionner. Patrick Hoffstetter cite un exemple qu’il connaît bien, celui de Renault, dont il était le Chief Digital Officer. «L’enjeu numéro 1, chez Renault, c’est de passer d’un positionnement de constructeur automobile, riche de 117 ans d’histoire, à celui d’acteur de la mobilité, bien au delà de la fabrication et de la vente de voitures». Pour Patrick Hoffstetter, les CDO, en charge de définir et d’implémenter une stratégie digitale, ont un rôle à jouer dans la conception et la mise en œuvre de nouvelles formes de mobilité sur les territoires, et plus largement dans la diffusion d’innovations. Il cite l’exemple de ces villes américaine qui, à l’instar de New York, ont nommé leur propre CDO afin d’incarner la révolution numérique et de la porter sur le terrain. La mission du CDO new-yorkais : lancer des produits digitaux qui développeront l’engagement civique, accroîtront la transparence de la ville et renforceront son écosystème high-tech. Une piste à explorer et un exemple à suivre pour les collectivités françaises, selon Patrick Hoffstetter.

Le digital multiplie également les possibilités de décentralisation au bénéfice des territoires. «L’impact sur l’emploi est évident. Le digital offre une vraie opportunité développer des activités et un business en local», souligne Patrick Hoffstetter. Développement continu du télétravail, implantation de startups indifférentes à la localisation physique de leurs salariés, ou privilégiant un environnement de travail plus vert, plus paisible et plus agréable, affirmation de territoires French Tech… Le numérique redistribue les cartes et fait émerger des champions régionaux qui n’ont rien à envier aux startups parisiennes.

«Plus de 3 millions de voyageurs empruntent les gares chaque jour. Notre volonté, c’est que ces endroits cessent d’être des simples lieux de passage et deviennent de véritables lieux d’accueil et de services. Il s’agit aussi d’humaniser la gare, de la rendre moins fonctionnelle, plus chaleureuse» – Karine Saugné, responsable du département Valorisation immobilier à la SNCF.

Cette redistribution géographique, permise par le numérique, dessine également de nouveaux lieux et de nouvelles façons de travailler. La SNCF l’a bien compris, qui veut transformer ses gares en lieux de vie et de travail. «Crèches, conciergerie, commerces, marchés de fruits et légumes, espaces de co-working et wi-fi pour tous…La gare de nouvelle génération ne sert plus seulement à attendre et prendre le train : elle devient un point d’ancrage et de services pour tous les travailleurs nomades», souligne Karine Saugné, responsable du Département Valorisation Immobilier de la direction SNCF des gares d’Île-de-France. La SNCF expérimente notamment des espaces de travail -baptisés Work & Station – dans une vingtaine de gares, qui permettent aux voyageurs de…ne pas prendre le train (ou de le prendre hors heure de pointe) en bénéficiant sur place d’un environnement de travail confortable et parfaitement équipé. De quoi améliorer l’ordinaire des millions de travailleurs dont la vie professionnelle, et personnelle, se partage entre une multiplicité de territoires.

Pour aller plus loin :

• Compte-rendu de la table ronde « L’économie de proximité, un poids lourd discret et en pleine croissance ! » (2/5)
• Compte-rendu de la table ronde « Startup wanted ! Comment et pourquoi les régions s’arrachent les jeunes pousses innovantes (3/5) » 
• Compte-rendu de la table ronde « Une autre croissance est-elle possible localement ? (4/5)
• Compte-rendu de la table ronde « Quelle place pour la culture et la création dans l’économie de demain ? (5/5) »