Grand rendez-vous annuel des projets en région, PARCOURS FRANCE 2017 accueillait, pour sa dixième édition, plus de 120 territoires, entreprises, franchises, associations, venus présenter leurs atouts et opportunités à quelques 2 000 visiteurs : entreprises et entrepreneurs, investisseurs, salariés, professionnels en quête de nouveaux horizons en région. En ouverture de cette dixième édition, la conférence de presse réunissait grands élus, dirigeants d’entreprise, investisseurs et experts et autour d’une même thématique : les « Open Territoires ». Qu’est-ce qu’un Open Territoire ? Quels sont ses éléments constitutifs ? Quel modèle ? Quelles stratégies sous-jacentes ? Quel impact et quelles limites ? Pour débattre des «open territoires», les décideurs invités par PARCOURS FRANCE ont travaillé en trois panels, autour de trois questions. Troisième et dernière thématique, « L’Open Innovation au service des Open Territoires ».

PARTIE 3 : « L’Open Innovation au service des Open Territoires »

Participants :

  • Clément POSADA, responsable communication et animation du Bivouac, accélérateur de startups à Clermont-Ferrand
  • Anne-Marie NÉDÉLEC, maire de Nogent, première vice-présidente de la Haute Marne
  • Olivier CARRÉ, maire d’Orléans, président d’Orléans Métropole
  • Laurent HENART, maire de Nancy, vice-président du Grand Nancy
  • Jean-Marc ROUBAUD, président du Grand Avignon

Animation et modération : Antoine COLSON, co-fondateur de PARCOURS FRANCE.

« Réunir les collectivités et les grandes entreprises du territoire pour offrir aux startups un terrain de jeu et d’expérience grandeur nature » – Clément Posada, responsable communication et animation du Bivouac

C’est un attribut que l’on associe instinctivement et immédiatement à l' »Open Territoire » : une pratique assidue de l’Open Innovation. Les collectivités mettent à profit la dimension territoriale, et la diversité d’acteurs qui s’y trouvent, pour faire tomber les barrières et mener des expérimentations, réaliser des projets pilotes à grande échelle. C’est ici toute l’originalité du Bivouac, à Clermont-Ferrand, un partenariat public-privé au service des startups. L’idée ? « Réunir les collectivités (Clermont Auvergne Métropole, Région Auvergne…) et les grandes entreprises (Michelin, Limagrain, Caisse d’Épargne…) du territoire pour offrir aux startups un terrain de jeu et d’expérience grandeur nature », résume Clément Posada, responsable communication et animation du Bivouac. C’est ainsi la startup de télémédecine Feelae, en provenance de Paris, qui a pu réaliser son «proof of concept» auprès d’un panel de salariés d’une grande banque régionale. Ou encore la jeune pousse MyBus qui a pu tester sa solution de m-ticketing en conditions réelles, sur des lignes de bus de l’agglomération clermontoise, auprès de plus de 2000 voyageurs chaque jour. « Un champ d’expérimentation unique pour accélérer la maturité d’un projet et crédibiliser une offre », indique Clément Posada. Pour amplifier sa propre dynamique, Le Bivouac réalise régulièrement des appels à projets thématisés, proposant un dispositif d’accélération à des jeunes entreprises innovantes sur un marché précis. En santé et bien-être, par exemple, Le Bivouac vient de lancer l’appel à projets « Feel Better », qui offre aux startups sélectionnées un accompagnement sur-mesure de 6 à 18 mois.

« La coalition d’un large spectre d’acteurs nous permet de créer de véritables chaînes de valeur, depuis l’universitaire jusqu’à l’export, de détecter plus facilement les maillons manquants et de financer leur construction » – Olivier Carré, maire d’Orléans, président d’Orléans Métropole

L’Open Innovation, c’est aussi le leitmotiv du Loiret, traduit en actes grâce à la création de structures fédératrices et facilitatrices. Dispositif unique en France, le GIP Loire&Orléans Éco rassemble ainsi les principales forces de développement économique du territoire : ADEL, CCI du Loiret, communautés de communes, Département, Orléans Métropole, Région, UDEL… « Cette union sacrée nous donne un levier d’action, une richesse d’idées et d’initiatives, une dynamique qui produisent des résultats très satisfaisants, en matière notamment d’implantation d’entreprises », souligne Olivier Carré, président d’Orléans Métropole.

Autre création territoriale, propice à l’Open Innovation : Le Lab’O, à Orléans, un incubateur géant qui accueille, sur 15 000 m2, non seulement des startups mais aussi une agence d’intelligence économique, en charge de l’ingénierie de partenariats avec le monde académique, les grandes entreprises, les PME… Le tout soutenu par un fonds d’investissement régional de 20 millions d’euros, histoire de franchir la fameuse « vallée de la mort » où succombent de nombreuses startups, entre un et trois ans d’existence, faute de financements. « La coalition d’un large spectre d’acteurs nous permet de créer de véritables chaînes de valeur, depuis l’universitaire jusqu’à l’export, de détecter plus facilement les maillons manquants et de financer leur construction. Par exemple, une chaire universitaire dans un programme de recherche-développement, propice à l’émergence de startups sur tel ou tel marché », explique Olivier Carré. Du Lab’O sortent aujourd’hui des PME de 30 salariés, entrées à l’état de projet et d’équipe embryonnaire. « Elles nous disent qu’elles gagnent environ 5 ans au Lab’O, et l’incubateur lui-même est en avance de 3 ans sur son plan de marche. Il sera complet en janvier prochain », précise Olivier Carré.

« L’ambition est de devenir, d’ici 10 ans, la première université d’étudiants entrepreneurs » – Laurent Hénart, maire de Nancy et vice-président du Grand Nancy

Comme Orléans, Nancy a embrassé la stratégie et la pratique de l’open innovation, en s’appuyant sur l’une de ses grandes forces : ses établissements d’enseignement supérieur, emmenés par l’Université de Lorraine, une école de commerce et des écoles d’ingénieur réputées. La métropole a créé un nouveau campus, Artem, qui réunit autour d’un projet pédagogique et de diplômes communs trois de ses grandes écoles : École nationale supérieure d’art et de design , ICN Business School et Mines Nancy. Piloté par l’Université de Lorraine, Artem marie art, technologie et design pour former des talents pluridisciplinaires et faire émerger des projets innovants dans les domaines les plus variés. « Artem est soutenue, depuis le départ, par une fondation de 50 entreprises lorraines, qui l’accompagne notamment pour l’incubation des projets. L’ambition est de devenir, d’ici 10 ans, la première université d’étudiants entrepreneurs », explique Laurent Hénart, maire de Nancy et vice-président du Grand Nancy.

L’école, fondée sur un principe de fertilisation croisée, s’inscrit parfaitement dans la stratégie de développement du territoire, autour de 4 axes majeurs : santé et bien-être – Nancy est le premier pôle hospitalier du Grand-Est, avec plus de 35 000 emplois et 10 000 étudiants – habitat durable, économie numérique et smart city, nouveaux matériaux. « Nous investissons, par exemple, dans l’accompagnement de la dépendance et du vieillissement, qui requiert le croisement de nombreuses disciplines – médecine, design, habitat, ergonomie, numérique, ingénierie… Artem est conçue pour former ces talents et ces équipes pluridisciplinaires qui feront l’économie de demain », souligne Laurent Hénart.

« Aujourd’hui, les forges et fonderies de Haute-Marne produisent un tiers des prothèses de hanche et la moitié des prothèses de genoux dans le monde » – Anne-Marie Nédélec, première vice-présidente de la Haute Marne

L’open innovation vaut-elle encore dans les territoires ruraux ? La Haute-Marne, avec ses 190 000 habitants, apporte une réponse positive. « Nous avons une faible densité de population, mais une forte densité industrielle », souligne Anne-Marie Nédélec, première vice-présidente de la Haute Marne. Le Département a misé sur l’open innovation – autour notamment du cluster Pôle Technologique Sud-Champagne – pour réinventer ses industries traditionnelles de fonderie et percer sur de nouveaux marchés, comme l’aéronautique et le médical. « Aujourd’hui, les forges et fonderies de Haute-Marne produisent un tiers des prothèses de hanche et la moitié des prothèses de genoux dans le monde », précise Anne-Marie Nédélec. Parallèlement à cette revitalisation industrielle, le territoire développe des partenariats avec les écoles et universités des départements voisins – à l’exemple de l’IUT de Troyes – pour attirer sur place, en alternance, de jeunes ingénieurs. Pour mieux faire connaître toutes ces initiatives, et se forger une image, le Département a lancé une campagne de marketing territorial, avec pour signature : « La Haute-Marne respire et inspire ».

« Il ne s’agit pas seulement d’une hybridation entre acteurs, mais plus largement entre industries traditionnelles et numérique, performance économique et qualité de vie » – Jean-Marc Roubaud, président du Grand Avignon

C’est également l’open innovation, l’hybridation des acteurs et des activités qui fait le dynamisme du Grand Avignon. « Au delà des images de vacances, de Provence et de lavande, nous sommes le 5e territoire, hors grandes métropoles, où l’on crée le plus d’entreprises », rappelle Jean-Marc Roubaud, le président du Grand Avignon. Ici encore, le territoire a su fédérer le monde académique, les acteurs économiques et institutionnels pour créer des pôles d’excellence, dans les domaines de l’alimentation et des ingrédients, de l’aéronautique ou encore des industries culturelles et créatives. « Il ne s’agit pas seulement d’une hybridation entre acteurs, mais plus largement entre industries traditionnelles et numérique, performance économique et qualité de vie », conclut Jean-Marc Roubaud. Stratégie claire et focalisée sur des pôles d’excellence, union sacrée des acteurs locaux, révolution numérique : les leviers gagnants de l’innovation dans les open territoires !

En savoir plus :
> Conférence de presse inaugurale / Partie 1 « Open Territoires : quelle stratégie ? »
> Conférence de presse inaugurale / Partie 2 « Comment le numérique vient aux (Open) territoires »